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Born to resist
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6 novembre 2013

Frontière(s)

sheitan2

Vincent Cassel dans Sheitan (2006) de Kim Chapiron

    Les lendemains de fête sont difficiles et le deviennent de plus en plus avec les années. La gueule de bois qui a succédé à la fiesta régressive de Vince en est la preuve. La journée a tourné au ralenti jusqu’au repas de midi avant que chacun reprenne la route.
    C’est donc avec une encéphalorectomie aigue que Will et moi sommes remontés dans le carrosse d’Adam, celui-ci tenant une crève d’enfer. Pas de raisons que le trajet se passe plus mal à au retour qu’à l’aller. Je suis content de ne pas avoir pris un congé pour le lundi. Ca devrait rouler. Enfin… Jusqu’à la panne.
    C’est à mi-parcours que tout a commencé. A trois cents bornes du départ et de notre destination. A 130km/h sur l’autoroute tout d’un coup, sans prévenir, plus de reprise sous la pédale d’accélération. Ca fait bizarre. Direction la bande d’arrêt d’urgence. On coupe le contact. On attend un peu et ça repart. Cent bornes plus loin, rebelote. On s’est donc trainé à 60km/h sur l’autoroute jusqu’à la prochaine aire de repos sur laquelle on découvre qu’il n’y a plus une goutte d’huile dans le moteur. A ce moment là j’entends encore Vince recommander à tout le monde de vérifier les niveaux avant de partir. Pour être complet, Adam n’a pas de bidon de secours. On oscille entre l’envie de le pourrir et la déprime. Aller, encore vingt kilomètres à se trainer jusqu’à la prochaine station service en priant que le moteur n’explose pas avant. J’ai compris ce jour là, pourquoi sa famille faisait une si grande consommation de voitures d’occasion. Arrivé là, on fait le niveau et on repart, ça a l’air d’aller. Tout roule, comme Will et ses splifs à l’arrière qui ne se préoccupe pas de nous.
    A l’approche de la région parisienne je suggère de sortir du réseau autoroutier pour éviter Paris et ses embouteillages monstres du dimanche soir. Mon GPS est blagueur. Il nous fait passer par des « routes » de campagne improbables, nous faisant parfois tourner en rond. La nuit commence à tomber. Il pleut depuis une heure et là, au milieu de nulle part, c’est le drame…
    Nouvelle panne et cette fois ça ne repart pas aussi bien. Manifestement le turbo de la voiture est mort. Il nous reste une centaine de kilomètres à parcourir. La voiture se traine jusqu’à un hameau, ou plutôt un corps de ferme. La pluie est battante et le stress entre nous commence à monter. Adam qui n’avait pas besoin de ça, imagine déjà sa voiture à la casse. Je ne me vois pas rentrer avant 2h du matin et, au comble de l’épuisement, je redoute déjà le lendemain au travail. On gare la voiture à l’écart de la route principale. Les lampadaires du bled ne fonctionnent pas et l’on pourrait passer devant nous à dix mètres sans nous voir. La moitié de nos téléphones n’ont plus de batterie. On est perdu, en panne au milieu de nulle part, sans à manger ni à boire dans un décor de film d’horreur. C’est la merde.
    On est à fond dans le cliché. Trois jeunes de retour de teuf, avec des gueules de déterrés, dont un consommant de l’herbe, tombent en panne dans un trou perdu après avoir voulu prendre un raccourci qu’ils ne trouvèrent jamais. Avouez que lorsque vous voyez ça dans un film vous vous dites que c’est trop stupide pour être plausible. Et bien nous, on l’a fait.
    Une heure à tuer avant l’arrivée d’une dépanneuse. Will est métisse et sous psychotropes. Si on reste dans le cliché il y passera en premier. Je me sens soulagé. On en rigole en écoutant du Bob Marley, l’eau continuant de ruisseler sur les vitres au clair de lune. Une lampe torche qui nous pointe et un aboiement nous font sursauter.
    Adam et moi sortons de la voiture dont se dégageait une odeur botanique plus que reconnaissable. Un mec en tenu de chasse, avec la gueule de Vincent Cassel dans Sheitan et écrit FN sur son front s’approche de nous en invectivant son chien qu’il retient par le collier. Adam prend les devants et lui explique la situation pour ne pas l’inquiéter. Le gars ne dit pas un mot, jette un regard noir vers Will resté dans la voiture et repart en grommelant un « bonne chance ». Un frisson nous parcours l’épine dorsale. Je lance : « Cette fois c’est sûr, on va mourir ». On remonte dans la voiture dans un éclat de rire. Le temps passe, la dépanneuse n’arrive toujours pas. On a continué à se monter des scénarios en plaisantant, à se faire peur, à lancer les répliques interdites tel que « je reviens dans une minute » avant de s’éloigner pour aller pisser.
    La dépanneuse arrive enfin. Le jeune mécanicien n’avait pas l’air beaucoup plus frais que ce bon vieux Will et portait un survêtement du PSG. Le cauchemar continue. C’était vraiment une journée merdique. Il nous a remorqué jusqu’à la ville la plus proche qui était à… deux kilomètres et où la sœur d’Adam est venu nous chercher.
    Je ne me moquerais jamais de l’invraisemblance des mises en situation des films d’épouvantes.

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Commentaires
D
Ok je te remercie pour ce cours de mécanique :D
T
Effectivement surtout avant un long trajet, j'étais fou lorsqu'il a été incapable de nous dire la dernière fois qu'il avait vérifié... Après il faut lui rendre justice, apparemment c'est le turbo qui a lâché et ça envoi toute l'huile dans le moteur (et des morceaux de limailles par la même occasion...) donc le manque d'huile s'est avéré être plus une conséquence qu'une cause. On en apprend tous les jours :D
D
Il faut être inconscient pour ne pas surveiller son niveau d'huile ! Perso je vais au garage tous les deux mois pour refaire les niveaux. Bref alors finalement est ce que sa voiture est encore en état de marche ? Sacrée aventure en tout cas :)
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