Collision
Sandra Bullock dans Gravity (2013) de Alfonso Cuaron
Je me suis souvent demandé ce que je ressentirais le jour où ma Patineuse se ferait passer la bague au doigt par son Jules. En définitif ce serait mon Game Over. Le mot « Fin » de la dernière page d’un pavé à faire se sentir minable l’Encyclopédie Universalis en trente volumes. La création d’un grand vide. C’est un peu ce qui s’est passé, en pire… ou en mieux c’est à voir.
J’en avais tellement assez de m’infliger la vision régulière de ses publications photographiques sur Facebook que j’avais désactivé son profil de mon fil d’actualité. Chacune de ces visions m’étaient insupportables de regrets. Pourtant notre réseau mondial de voyeurisme préféré est joueur et a quand même décidé de me mettre en pleine face une de ses dernières annonces que la plupart de nos amis en communs s’étaient empressés de liker et de commenter. Une échographie. La belle attend donc un polichinelle. Ce n’était pas un simple Game Over : la console de jeu avait carrément fondue, l’intégralité de mes vies perdue et ma meilleure sauvegarde s’est corrompue.
On aurait pu s’attendre à Hiroshima, Nagasaki et tous les essais nucléaires de l’Histoire explosant en même temps, il n’en fut rien. Je ne dis pas que cela ne m’a rien fait, non. J’ai eu un pincement au cœur. J’ai repensé à cette journée sur la glace, encore, et je me suis dit que j’avais eu ma chance, encore. J’ai fermé la photo sans laisser dessus la moindre réaction et je l’ai fait disparaitre. Cette fameuse option « je ne veux pas voir ça ». J’aimerai que ce soit aussi facile dans la vie de tous les jours… Je suis resté un moment l’esprit dans le vide. Je me suis dit que ce n’était peut-être pas plus mal. Avec une relation, on peut attendre une rupture, un mariage son divorce. Mais un enfant… Quoi de plus définitif ? Quelle meilleure occasion pour faire réellement une croix sur cet amour secret qui ne restera qu’un fantasme inassouvi ?
Tout comme la déclaration de couple de J. cette annonce me permettra peut-être de clôturer une histoire de 18 ans, toute une vie, que moi seul me racontait. Cela restera désormais comme l’évocation d’un rêve, d’une illusion perdue. Les chapitres se ferment les uns après les autres. Je n’attends qu’une chose pouvoir en ouvrir un nouveau enfin vraiment consistant. Je veux écrire non pas un roman, mais une saga. Pour le moment je me contente de vulgaires nouvelles.
Je lui souhaite, à elle et son enfant, beaucoup de bonheur à venir.