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11 novembre 2013

Ma Vie pour la tienne

Valérie Benguigui_0

Valérie Benguigui dans Le Prénom (2012) de Alexandre de La Patellière & Mathieu Delaporte

    Au milieu d’une semaine harassante de travail, ma mère m’envoie le texto suivant : « Si tu es dispo demain soir je t’invite à diner bisous ». Bizarre, en pleine semaine… « Il y a une occasion particulière ? »

 

« C’est oui ou non ? »


     Comme je n’ai rien d’autre de programmé, j’accepte. Je m’attends à un diner familial à la maison. Peut-être a-t-elle tenté un nouveau plat, essayé un nouvel ingrédient. Une nouvelle à m’apprendre… Cela fait deux semaines que l’on parle ensemble de sa candidature à un nouveau poste. Cela semble l’angoisser. Il faut dire que niveau confiance en soit à la ramasse, je tiens un peu d’elle.
    A mon arrivée je retrouve mes parents. Mon père m’informe, à mon grand étonnement, que l’on va au restaurant. Pas vraiment le genre de la maison en dehors des grandes occasions. Je ne sais toujours ni où ni pourquoi. Ma mère choisit de monter dans ma voiture pour le trajet. On discute, mais rien ne transpire de tout ce mystère. Nous arrivons devant l’établissement. Un nouveau restaurant Turc dont elle m’avait déjà parlé. On y retrouve ma sœur, ma nièce, son copain et son fils. Ils n’en savent pas plus que moi.
    Ma mère s’installe entre ses deux enfants. Le repas se passe dans une bonne ambiance, rythmée par les chahutages des deux petits. Les plats sont succulents et copieux. Je vais exploser. Dans un moment de calme ma mère nous prend à part ma sœur et moi pendant que ma nièce se roule sous la table et que son « demi-frère » saute sur les genoux de son père.
    « Voilà, je vous ai réuni ce soir parce que j’ai quelque chose d’important à vous annoncer… » Je repense à sa candidature. Un large sourire s’affiche sur mon visage.
    « Non, ce n’est pas ce que tu crois ». Ah… elle soupire alors, une larme à l’œil :

 

« Je n’ai pas de cancer. »


    On reste bouche bée devant cette annonce inattendue ne sachant pas comment réagir. Elle nous explique  ensuite : sa dernière mammographie, les examens qui se sont succédés, les ponctions, les mots ambigus et peu rassurants du médecin, l’attente, l’angoisse, la délivrance des résultats. Des semaines entières sans rien nous dire. Ce soir là, une envie de vivre.
    Je ne sais pas quel effet a le plus provoqué cette nouvelle. Le soulagement de savoir que tout va bien ? Cette impression d’être passé tout près d’une nouvelle épreuve. Ce fameux « et si… » auquel je me refuse penser mais qui trotte quand même dans un coin de ma tête. Ce remord de ne pas avoir été assez présent. Curieux mélange aigre-doux. Le temps s’est arrêté. Et puis ma nièce a continué d’essayer de me mettre des frittes dans les narines. L’horloge est repartie, la vie aussi.
    On est là, ensemble. Une famille soudée malgré les tempêtes. On est là, malgré nos mots, malgré nos maux. On s’aime, même si on ne se le dit jamais assez.

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Commentaires
T
Tout à fait...
Z
Contente que l'annonce soit positive, ça fait finalement du bien dans la morosité ambiante. Comme quoi, il faut carrément profiter de tous les moments
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