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18 janvier 2010

Crepe Party

 

vie
Vincent Elbaz, Gilles Lellouche & Marion Cotillard dans Ma vie en l'air (2005) de Rémi Bezançon

          Difficile de parler de la soirée sans évoquer la journée qui l'a précédé. Les Alliés étaient encore loin du compte en Mai 1944. C'était le jour le plus long, le plus long et le plus chiant. J'ai rarement piqué du nez avec une telle violence. Peu après 19h j'étais à deux doigts de m'endormir pour de bon puis vint enfin cette putain d'heure. Je me suis forcé à être en retard. J'ai toujours eu la fâcheuse qualité d'arriver en avance et dans le pire des cas, à l'heure pile. La boule est là, l'impatience et la curiosité également.
                Il fait nuit. Il pleut. J'arrive devant ce grand portail en fer que je me suis imaginé tant de fois passer. Dans l'enceinte des murs je trouve une grande maison décrépite, vieille de plus d'un siècle. Je l'appelle comme elle me l'avait demandé. Une voix enjouée me répond. J'attends quelques minutes sous les fines gouttes d'eau. Une petite silhouette apparaît. Oh my God! She's so gorgeous ! Magnifique. Je m'épate moi-même de paraître tant décontracté. Je tente de posé ma main sur son bras au moment de lui faire la bise. Instaurer un contact physique. Ma crispation réapparaît au grand jour. J'ai l'impression d'être un Playmobil. Je la suis. Il m'est difficile de rester concentré. S'il y a bien un point que je ne peux remettre objectivement en cause c'est bien sa beauté. Je sais aussi que je ne suis pas le seul à le percevoir. Elle me précède dans l'escalier. J'en suis un peu gêné. Difficile d'égarer mon regard sur des murs blancs lorsque sa minijupe flotte au niveau de mes yeux. Malgré mes efforts de gentleman à la con, je sens bien que cela ne la met pas à l'aise non plus. La galanterie a-t-elle prévue des règles pour éviter cela lorsqu'on ne connaît pas soi-même les lieux ? D'après ce que je comprends, la maison est découpée en plusieurs appartements. Logements qu'occupe une grande partie de sa famille. Ca c'est de la proximité. Elle habite au troisième étage. La lumière s'éteint à mi-parcours. Je me suis arrêté net. Tout cela aurait été trop gros pour une comédie romantique et je sais que la vie n'est pas un film. Me connaissant, je pouvais aussi très bien tomber dans une comédie digne de Ben Stiller. J'essaie d'attraper la rambarde à taton. Je monte une marche, puis une autre. J'attends une rencontre physique. Sur le coup je me suis demandé si cela était vraiment un hasard, et oui ça l'était. Elle retrouve un interrupteur après quelques secondes de trifouillages dans un noir d'encre. Mon coeur peut se remettre à battre. C'est ce qu'on appelle un acte manqué. Petite précision qui a son importance : les autres convives étaient déjà arrivés et me précédaient de peu. Nous entrons dans son appartement. C'est joli et douillet, bien décoré, moderne, à la fois en accord et en décalage avec le style du bâtiment.
                  Angie est là avec son mec. J'aurais été incapable de reconnaitre la grande bringue à qui j'ai mis un râteau en cinquième. C'est désormais une belle femme et son mari s'est avéré être des plus sympathique. Ils se sont bien trouvés. Il y a également un petit être sur le canapé. Un magnifique bébé de 4 mois tout sourire, et s'il avait été moche je l'aurais dit aussi. Décidément je n'arrive pas à me faire à l'idée que des gens de ma génération soient déjà parents, surtout lorsque je les ai connu eux-mêmes enfants. J'ai l'impression que l'on sort à peine de la cour de récréation. Si la paternité me travaillait il y a quelques temps, je m'en suit désormais bien arrangé. Ce n'est pas ce bout de choux qui me retournera la tête, elle est trop pleine d'idées interdites aux mineurs pour le moment. La soirée est plaisante. On échange nos souvenirs d'anciens combattants. Des souvenirs revisités à travers nos trois points de vue ce qui apporte parfois une lumière intéressante. Les potins de l'époque resurgissent. Avec qui est-on sorti, à qui a-t-on roulé notre première pelle et les sensations que cela a put nous provoquer. L'age des expériences et toute une époque remise en question. J'apprend que j'étais considéré comme un gentil garçon, très sympa et que les autres étaient presque tous des cons. Ce qui explique sûrement pourquoi j'en ai pris plein la gueule pendant cette période que je ne regrette pas. J'étais loin de la popularité. Le mari d'Angie me fait marrer. On s'entend bien. On s'est descendu une bouteille de whisky à deux sans s'en rendre compte pendant que les filles sirotaient leur saloperie d'Eristoff Ice. Le chat fait le con, le bébé rigole. La question drôle : "Et toi t'as des enfants ?" Le genre de question qui fout vraiment un coup de vieux et que je vais entendre de plus en plus. "Pas que je le sache en tout cas. J'attends qu'ils viennent toquer à ma porte réclamer une pension alimentaire... Il faut déjà trouver la bonne personne avec qui en faire." On énumère ensuite chaques camarades de classe mariés ou parents. J'échange toujours la même réplique avec ma patineuse : "Déprimant !". La soirée ressemble à un rendez-vous entre couple sauf que de couple il n'y en a qu'un ici et je n'en fais pas parti. Il arrive que l'on se frôle. Je trouve cette phrase tellement stupide. Il est vrai que j'avais été déçu de nos retrouvailles au niveau tactile. Cette soirée crêpes ressemble encore plus à round d'observation. On réapprend à se connaître. Comme le dit Vanessa Paradis : "On se dévisage. On s'envisage..." Je jauge. Je me demande si ça vaut le coup. J'emmagasine les informations entre les lignes. Fille de flic, sortie avec des musiciens, des dealers, de gros cons... Comme elle le dit elle-même, un canard (!) n'aurait aucune chance de la garder. Elle a du caractère, quelque chose que je trouvais manquant chez la précédente. Je me suis senti intimidé. Ne suis-je pas trop "gentil" pour ce genre de fille ? Je ne sais pas mais je trouve la question intéressante. J'ai compris autre chose : ce n'est pas en étant à ses pieds que je l'emporterais et c'est aussi de ma propre initiative que quelque chose se passera. Elle ne veut pas de sirop mais un truc qui arrache. Il faut donc que je force ma nature. De toute façon le mièvre n'a jamais été mon fort, l'audace non plus d'ailleurs... Ca prête à réfléchir. La nuit continue d'avancer. Nos regards se croisent et s'entrechoquent. J'ai du mal à la lire. En règle général je décrypte assez bien les gens. Je suis trop troublé. Difficile d'être objectif lorsque tout chez elle ne m'évoque que sensualité. On n'a jamais pu se trouver seuls ce soir là. Le gentil petit couple ne semblait pas vouloir aller coucher son rejeton qui n'a jamais moufté même lorsque mon portable, bien calé dans mon manteau se trouvant dans la même chambre que lui, était envahit des sms pressant de mes amis trop curieux. Ils sont partis vers 2h30. On est allé les raccompagner à l'extérieur. J'espérais m'incruster encore un peu, proposer un coup de main pour ranger. Là encore ça a été rapide. Elle n'envisageait apparemment pas que je veuille remonter encore un peu. Elle semblait crevée et enrhumée. J'étais aussi fatigué. Sur le coup je ne sais pas pourquoi, je ne l'ai pas senti. Sincèrement, il n'y a pas là ma lâcheté habituelle. Ce n'était pas le moment. Il manque quelque chose. J'ai envie de faire traîner, d'instiguer le doute dans sa tête comme elle l'a mis dans la mienne. Elle sort d'une relation récente, intense et douloureuse. Je ne veux pas être juste le bouche trou qui lui changera les idées deux semaines. J'ai attendu 13 ans pour en arriver là. J'ai appris à être patient. Je veux la séduire pour ce que je suis et avec mes armes si tant est que cela soit possible. On se fait la bise. Je sent son parfum. On se dit encore une fois qu'on a passé une superbe soirée, ce qui est vrai. Elle me dit qu'il faudra remettre ça. Je lui réponds en m'éloignant que c'est quand elle le voudra et qu'elle me fasse signe. L'observation se termine. Il ne faut pas que le fantasme me brouille. La suite sera au prochain épisode, reste à savoir quand. En fin de compte la vie c'est comme au cinéma, si c'est trop simple on s'emmerde et le tout est de trouver un bon cliffhanger à son scénario.

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Commentaires
Z
Ptaiiin ! trop de suspense ! j'étais en haleine jusqu'à la fin ;-)<br /> Bon allez y a quelque chose à faire là c'est sûr ! après on se lance, mais tu as raison de ne pas vouloir jouer les bouche-trous. <br /> En tout cas, ton article est super bien écrit. J'espère qu'il y aura un autre rdv bientôt :-)
C
Bon c'est parti mon zizi, au prochain rencard c'est bon ! Go on !
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