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16 mai 2013

AdopteUnCanard.com - Episode 1

large_409864Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel dans (500) jours ensemble (2009) de Marc Webb

             Mon aventure sur AdopteUnCon n'avance pas beaucoup. Pour le moment j'y ai investi davantage de mon portefeuille que de ma bonne volonté. Petite statistique simple : pour environs 150 "Charmes" dispensés, je n'ai eu droit qu'à une cinquantaine de visites et seulement quatre "achats" dont une copine de classe de primaire que j'ai déjà dans mes contacts Facebook juste pour me dire : "Tu verras, il y a beaucoup de cas sociaux." Une petite variante de ma sœur qui m'avait dit qu'il n'y avait que des salopes sur ce site... Je n'ai pas osé demander si c'était du vécu. Enfin bref, on retrouve beaucoup de photos de profils avec la bouche en cul de poule, prisent dans un miroir avec un I-Phone tenu à bout de bras et quelques minettes, sûrement mineures, avec vues plongeantes sur leur décolleté push-up. Les annonces ne volent pas beaucoup plus haut, mon Larousse et mon Bescherelle se sont immolés au moins quarante fois et la section "lecture" s'arrête souvent à l'autobiographie de Nabila édité sur un emballage de Carambar. Je ne vais pas faire mon hypocrite, le premier filtrage se fait sur le physique et celui ou celle qui dira le contraire est un sacré menteur.

            Au milieu de ce désert affectif est apparue une lumière. Une jeune femme, de mon âge, n'habitant pas très loin de chez moi et travaillant près de mon lieu de travail, accepte de me parler. Sur ces photos elle apparaît simple et plutôt jolie sans être un top model. On entame donc une discussion sur le ton de la plaisanterie pendant deux semaines au rythme d'un échange de messages par jour. J'ai imposé ce rythme par la force des choses, il n'y a pas d'application compatible avec mon smartphone et l'accès aux sites de rencontres sont bloqué au travail et il faut dire aussi que j'ai d'autres choses à faire. Je n'ai donc accès à mon compte que le soir en rentrant, et je n'y passe pas des heures. La discussion est simple : les goûts, les couleurs, la famille, les voyages, des généralités. J'ai sauté le pas en l'invitant à prendre un verre, ce qu'elle a tout de suite accepté, un grand pas pour moi. La veille j'étais assez stressé. Cinq ans sans premier rencard : je suis rouillé. J'ai peur de ne plus savoir comment on fait et je redoute mon blocage mental face aux femmes qui m'attirent. J'en ai parlé avec ma sœur avec qui j'ai passé la journée puis avec Aramis avec qui j'ai fait la tournée des bars sur Paris la veille. D'ailleurs bonjour la gueule de bois le lendemain. Arrive la date du rendez-vous, j'ai été occupé toute la journée et n'ai donc pas eu le temps de trop y penser. Elle arrive avec le quart d'heure de retard réglementaire (et la soirée avec une copine pour s'esquiver derrière, réglementaire aussi), habillée très (trop) sobrement. Je fais ma première expérience de confrontation au réel, c'est un peu le jeu des sept erreurs entre les photos publiées et la personne en face de moi. Une fille simple, à laquelle je n'aurais peut être pas prêté attention dans la rue. Je me sens étrangement à l'aise et entame la conversation sans problème. J'ai appréhendé ce rendez-vous comme un exercice pratique et je suis assez content de moi. Je me donnerai bien un 16 ou 17/20 tiens. La conversation est fluide, elle rie à mes blagues que j'essaie de maintenir à un certain niveau, car souvent elles descendent au dixième sous-sol. C'est une gentille fille. Point positif pour moi je n'ai pas commandé d'alcool (la gueule de bois et l'heure peu avancée de l'après-midi m'ont sauvé). La suite se gâte : elle n'a pas de passion, les téléréalitées sont ses programmes favoris, sa curiosité culturelle est proche du néant et un problème de santé l'empêche de faire quoi que ce soit de physique pour le moment et "la promet au fauteuil roulant dans plusieurs années" selon elle. Oui, elle sait vendre du rêve. Au bout de 4h de discussion (un peu étiré en longueur sur la fin) on doit se séparer, en bon gentleman je la raccompagne à sa voiture. Je comprends bien qu'elle est sous le charme. Après ce rendez-vous et m'être extasié de ma "performance", je me pose beaucoup (trop) de questions. Mentalement j'ai peur de m'ennuyer et que l'on n'ai bien vite plus grand chose à se dire. Et physiquement elle n'a pas l'air d'être apte à la cabriole, ce n'est pas ce que je cherche en premier mais on ne peut pas dire que ça ne compte pas. Ca se passait super bien au lit avec J. mais on ne se parlait plus beaucoup. Si là, ce n'est ni pour parler, ni pour faire l'amour à quoi bon, autant rester seul c'est moins d'emmerdes.  Le doute commence à m'habiter. Quelle suite dois-je donner ? Je me dis que je suis encore en train de m'imposer de fausses excuses par peur d'avancer. Le soir-même elle me bombarde de sms, preuve est faite que je ne la laisse pas indifférente mais aussi qu'elle doit être sacrement envahissante pour me recontacter aussi vite.

               J'ai ensuite laissé passé une journée durant laquelle j'ai beaucoup réfléchis sur ce que je voulais vraiment. Quitte à prendre ça comme un exercice je me suis dis que je devrais voir jusqu'où je pouvais aller et ne pas m'arrêter à la première appréhension. Pendant notre soirée parisienne j'ai beaucoup parlé de mon blocage avec Aramis. Il n'était pas très populaire au lycée, le vilain petit canard, aujourd'hui il est épanoui et pourtant il a dut apprendre à s'accepter ainsi que sa bisexualité. Il a réussi à le faire dans le regard des autres. Sa théorie est que je devrais enchaîner les histoires sans lendemains pour me défaire de mon empathie et rendre aux femmes ce que certaines m'ont donné. Me conduire comme un salaud en somme. Sur un plan "thérapeutique" l'idée n'est pas dénué de sens, mais je n'ai pas vraiment envie de ça. Ce n'est pas moi. J'ai donc décidé de ne pas en rester là et de lui/me donner une chance. Je donne rendez-vous à ma prétendante samedi soir pour un cinéma. Je lui laisse le choix du film. Celui ci, le dernier Robert Redford, me surprend positivement même si ce n'est pas ce que j'aurais choisi pour un rencard. On se retrouve devant sa salle de cinéma habituelle. La séance se passe bien, on échange quelques moments de complicités. A la fin du film on décide de manger ensemble et là, c'est le drame. La conversation reprend là où on l'avait arrêté : dans le néant. Je ne sais plus de quoi parler, elle non plus. On répète ce qu'on s'est déjà dit au rendez-vous précédent. Je tente de lancer la discussion sur le film ça ne va pas très loin. En fait elle croyait que c'était un film de guerre et le reste ne lui disait rien et elle ne se voyait pas m'imposer un truc à l'eau de rose. On s'entend bien mais on n'a rien à se dire. Je connais la chanson. La fin de soirée est pathétique. On se regarde dans le blanc des yeux, gênés tous les deux par ces silences qui se prolongent tout en mâchonnant des sushis à la fraicheur douteuse. Je remarque ce coup ci qu'elle a sorti le décolleté. On s'est quitté par une sage bise en se disant qu'on se rappellera, peut-être, à l'occasion, mais j'en doute. J'ai fais une rencontre. J'ai la réponse à mes questions. J'ai besoin de quelqu'un qui me stimule physiquement ET intellectuellement. Malgré tout ce que j'ai pu dire : je préfère encore être seul que mal accompagné. Le vieux garçon est devenu exigeant. Je suis dans la merde.

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D
C'est le gros problème quand on rencontre les gens "en vrai" : quelquefois on n'a rien à se dire ! L'écran protège. Ne t'inquiète pas, des rencontres catastrophiques tu en auras (oui moi aussi je vends du rêve ! ^^). Mais je ne pense pas que tu dois croire que c'est toi qui as un blocage : le feeling, ça ne se commande pas.
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