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Born to resist
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28 octobre 2009

Le travail c'est la santé qu'il disait

         On peut dire que sentimentalement il y a du mieux. On a parfois besoin de s'éloigner pour se retrouver. Le tout est de ne pas trop prendre de distance au risque de se perdre de vue. Mon coeur va un peu mieux donc, mes poumons aussi. Ma trachéite commence à s'éloigner elle aussi mais celle là je ne souhaite pas son retour. Quitte à être malade j'opterais pour une bonne grippe A qui m'éloignerais de ce bureau de merde au moins une semaine. Psychologiquement, je suis épuisé. Trop de travail et pas assez de temps pour le faire. La gestion du personnel, surtout des paies, est un cercle vicieux. Pas le droit à l'erreur. J'ai la vie financière de plus de 150 employés entre mes mains et pour le moment elles pataugent. Imaginez qu'on donne à un élève de CP des équations de Terminale à résoudre absolument et quoi qu'il arrive. Vous aurez une idée de mon état d'esprit. D'énormes responsabilité à gérer avec une formation, une documentation et des informations proches du néant et un système informatique défaillant. Dès que j'ai la sensation de sortir la tête de l'eau, une véritable pluie de merdes s'abat sur moi et lorsqu'on boit la tasse, c'est pas terrible au goût. On me demande le beurre, l'argent du beurre, le cul de la crémière, cent balles, une pipe et un Mars. D'un coté il y a mes supérieurs qui ne semblent pas se rendre compte de la masse, qui en demandent toujours plus, et de l'autre des employés casse-couilles et impatients. Gérant des CDD comme moi, je me suis rendu compte de la précarité des gens mais aussi de leur incapacité à gérer leurs dépenses et leurs revenus pour certains. J'ai parfois des cas aberrants qui me prennent pour leur banque. Aujourd'hui était une journée sans. Je me suis senti proche de la rupture, du craquage mentale et ça ne fait qu'un mois de passé. Je comprend qu'au bout de vingt ans comme ça, certains choisissent de se pendre. Tu fais bien ton taf, ça ne se voit pas, au moindre grain de sable tu es crucifié. Faire des concessions pour des besoins financiers et m'intégrer dans la société je veux bien. Me détruire sûrement pas.

         Ca ne fait que renforcer mon idée que je ne suis pas fait pour cette vie. Alors bien sûr on va me dire, comme mes parents, mes grands-parents, que l'on n'a pas le droit de critiquer son travail lorsqu'on a la chance d'en avoir un par les temps qui court. Quel réconfort, travailler est devenu un privilège, merveilleuse société. Soit, loin de moi l'idée de remettre en cause le fait de gagner sa vie en échange de mon temps et de ma force de travail. J'ai assez galèré et surtout douté de moi lorsque je n'avais rien pour le savoir. Mais on peut quand même rester objectif et dire lorsque notre travail n'est pas épanouissant quand c'est le cas. Humainement je n'ai plus rien appris après les deux premiers mois de l'été dernier, j'en suis désormais au stade de la régression. Un mois, plus que cinq. J'ai besoin de vacances, de partir loin, très loin, de me dépayser. J'envie dorénavant mes camarades qui continuent leurs incertaines études du septième art. La vie estudiantine me manque. Je viens d'avoir la preuve que les diplômes n'ont rien à voir dans ce milieu artistique. Un très bon copain de fac vient de signer un contrat pour réaliser son premier long métrage. Deux ans de travail d'écriture, de démarches. Une passion et une discipline à temps complet qui sont récompensées. Il n'est pas plus diplômé que moi, il a même mis un an de plus à avoir sa Licence. La différence s'est surtout faite sur l'envie et un immense talent indéniable. Le meilleur d'entre nous mais aussi d'une origine sociale plus favorable à l'expression de ses ambitions artistiques. Mes parents, sans être dans le besoin, n'ont pas les moyens de m'entretenir des années durant juste en m'entendant dire "j'écris". Ils n'ont pas les moyens de me payer un appartement au cœur de Paris sans que je n'ai de compte à leur rendre. Les miens m'ont inculqué la valeur de l'argent en me forçant à travailler dès que j'ai atteint l'âge légal. Il n'a jamais reçu de fiche de paie et se foutait de la gueule de ceux qui bossaient au MacDo'. Son seul souci, son seul travail, est sa passion. Une passion à laquelle il se dévoue corps et âme. C'est aussi un gars bien et je lui souhaite la brillante carrière qu'il mérite. Cela éveille des choses en moi : un peu de jalousie évidemment, surtout de l'envie, de l'admiration et quelques regrets. J'ai raté, il a réussi, on avait le même parcours. Si l'on se bouge, ça peut donc marcher. Ma vie ne me satisfait pas. Il faut que je la change. Trouver un job qui me corresponde davantage, quitte à gagner moins d'argent. Après tout la quête du bonheur ne prend-elle pas le dessus sur l'aspect financier ces derniers temps ? Je me dis que c'est possible. Je suis triste mais pas résigné. C'est possible. Essayons. L'écrire c'est bien, le faire serait mieux. Je n'ai pas envie de finir aigrie, de reprocher mon échec au monde entier dans le futur. J'ai cinq mois de dur labeur à mettre à profit. Je suis actuellement à la recherche d'un exutoire pour évacuer le travail. Voilà que je m'aperçois qu'il est sous mes yeux.

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Steven Spielberg sur le tournage de Rencontre du troisième type

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