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21 mars 2014

Les Marches du pouvoir

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Michael Youn & Jacques Villeret dans Iznogoud (2005) de Patrick Braoudé

                  Toujours au rayon des bonnes nouvelles 2014, voici la seconde. Elle concerne mon taf.
           Je sais que l'actualité concernant mon entreprise est assez fleurie, surtout niveau couronnes de fleurs et chrysanthèmes. Mais non, je n'ai pas décidé d'ouvrir la fenêtre ou d'allumer un briquet au-dessus d'un bidon d'essence. Quatre ans de boite, et on ne va pas se mentir ces derniers mois j'ai éprouvé fatigue et lassitude. L'environnement est particulier, les conditions parfois difficiles, des tâches répétitives, des moyens de plus en plus restreint et une pression de plus en plus forte pour un salaire pas vraiment en phase pour les responsabilités endossées. Toutefois c'est une entreprise qu'on apprend à aimer, où le devoir de service subsiste malgré la privatisation et la course à la rentabilité, une activité d'intérêt général, l'envie de bien faire et quelques "avantages" qui font qu'on devient vite corporate. Tout n'est pas rose, mais tout n'est pas noir non plus.
                Sur les deux dernières années j'avais peu à peu oublié de relativiser. On se fait vite entraîner vers le fond lorsqu'on est entouré d'énergies négatives. J'avais l'impression de tout donner sans rien recevoir en retour, comme un amour à sens unique. En cette fin d'année 2013, mon chef direct se faisait de plus en plus absent et de ce fait me déléguait de plus en plus de responsabilités. A vrai dire, je considère que je faisais son boulot. Jusqu'au jour où il nous a annoncé clairement qu'ils nous quittaient pour monter sa boite, ceci s'accompagnant d'une refonte de notre service. Une nouvelle inquiétante, car malgré ses quelques défauts c'était une personne compétente, honnête et surtout qui nous faisait confiance. Traduction : tant que le boulot était fait, il nous foutait la paix. Un luxe. Et mon boulot je le fais diablement bien. On ne savait pas à quelle sauce on allait être bouffé.
           J'étais surtout blasé car c'était mon quatrième supérieur à partir depuis mon embauche. Chaque départ s'accompagne de l'envole des belles promesses d'évolutions de chacun. Il faut tout recommencer à chaque fois. Décourageant et usant. Je suis vite devenu comme Saint Thomas : je ne crois plus que ce que je vois. Une philosophie vitale. Les louanges et  les engagements, j'y ai goûté. J'ai vite appris à les vomir. Je fais ce qu'il y a à faire, sans jamais rien réclamer, la manière peut ne pas toujours plaire. Peu m'importe. Le seul reproche qu'on peut me faire, c'est mon relationnel. Je ne suis pas un bon communiquant, ni poli ni policé. J'ai la fâcheuse tendance de dire ce que je pense sans détour. Une qualité, parfois, un défaut, souvent. Mais j'essaie de me soigner sans pour autant jouer les hypocrites. A ce moment là, je pensais sérieusement à partir, que ce soit dans un autre service, une autre région voir même quitter l'entreprise. Un vieux sage m'a appris à faire la différence entre la "politique" et le reste. Ca a pris du temps mais j'ai enfin compris et mis en application. Le petit mot qu'il a eu pour moi lors de son départ à retraite a été prémonitoire, peut-être savait-il déjà. Ca m'a touché.
Pendant quelques semaines, rumeurs et fantasmes se sont bousculés dans les couloirs. Qui allait donc bien devenir notre nouveau vizir. Quelques uns m'ont désigné comme candidat d'office. Je prenais ça à la rigolade. D'une part car visiblement ce n'était pas dans la politique de la boite de faire monter "si vite", d'autre part je ne me voyais absolument pas passer manager de mes propres collègues. J'ai déjà vu cette situation, ce n'est jamais très heureux. Je ne me sens pas l'âme d'un "chef" même si beaucoup me dise le contraire, et je n'en ressens pas l'envie.
             Et puis le Calife m'a convoqué en entretien pour une discussion franche sur mes projets et mes ambitions. Il n'a pas été par quatre chemins : il veut absolument que je reste et a bien senti que pour cela les choses devaient bouger pour moi. Des louanges, des promesses... mais Dieu que celles ci m'ont fait du bien. Il m'a dit les mots que j'avais besoin d'entendre pour me rebooster. La réponse à mes déclarations d'amour était enfin là, avec une nouvelle promesse. Je ne serais pas vizir (ouf) mais un soutien de référence pour mes collègues. Dans les faits rien ne va vraiment changer pour moi d'un point de vue activités, car je dépassais déjà de loin mes prérogatives. C'est mon statu qui va enfin être reconnu. Il veut me passer cadre à la fin de ce premier semestre. Qui dit évolution, dit augmentation et pas qu'un peu. Il va bien falloir pouvoir s'acheter des cols blancs. J'étais entré dans ce bureau avec le cœur lourd comme une enclume, j'en suis sorti léger comme une plume.
Comme je l'ai dit, j'ai appris à me méfier des promesses. Là on est dans le concret, chiffré et daté. La balle est dans mon camp. A moi de jouer et de réussir mon passage devant mon jury de promotion qui aura lieu vraisemblablement en mai ou juin. Rien n'est encore fait. Je continue d'avancer marche après marche. Ma vie personnelle est un désastre, autant en profiter pour faire avancer ma vie professionnelle. Ces noces de cire vont donc peut être s'accompagner d'un renouvellement de nos vœux. Pour le meilleur et pour le pire...

A suivre.

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