Désir d'avenir
Je patauge. Je me cherche. Je me trouve, je me reperd aussitôt. Les résolutions d'un jour s'effacent après la nuit qui le suit. L'université n'est plus un alibi. Je ne compte plus sur elle comme un facteur d'avenir ou même d'apprentissage, ce qui est bien triste. Au contraire de l'an passé, j'ai déjà pris pour acquis que l'obtention de mon Master n'est plus qu'un objectif secondaire, une option facultative que j'aimerais bien décrocher juste pour flatter mon égo et devenir le plus diplômé de ma famille. Le plus diplômé et le seul au chômage. Mais quel est donc mon objectif prioritaire? Tout devient flou pourtant il a toujours été le même : être heureux.
Le cinéma me parait être de plus en plus inaccessible. Une utopie se briserait-elle dans ma tête? Je ne sais pas si c'est seulement du découragement ou une révélation, simple, inéluctable. Baisser les bras est-ce ouvrir les yeux? Les mécaniques du corps m'échappent, celles du coeur moins. Je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir tout essayer mais de nouveaux facteurs entrent en jeu.
Tout mes amis commencent petit à petit à s'installer, à trouver leur indépendance, une vie de couple, de bons boulots avec ou sans diplômes, voir à se marier et faire des gosses. C'est con à dire mais plus ça va et plus je cogite... Tout ça me donne envie d'y gouter aussi. Je n'ai jamais vécut une aussi bonne relation. Je me pose des questions sur la sécurité de l'emploi que je n'ai toujours pas. Comment subvenir à mes besoins alors que mon compte en banque fond comme de la neige au soleil. L'argent me tient par les couilles et me les broie menu. Je n'ai plus envie de passer pour un rêveur pour certains et un glandeur pour les autres. Obtenir un gain de crédibilité paradoxalement en passant à une vie simple même si l'on sait que celle ci ne l'est jamais. Je deviens trop vieux pour ces conneries. Tout est arrivé si vite. Fini la vie dissolue d'étudiant parisien, les soirées cocktails et les matinées cinéma en semaine. Chienne de vie. Tout est flou, le brouillard s'épaissit et j'avance à taton avec comme différence notable de tenir la main de quelqu'un. Je ne veux pas en devenir le boulet. Je me demande si je suis armé pour une vie en hors-piste, peut-être que je préfère les chemins balisés tout compte fait. Bientôt 24 ans et encore beaucoup d'incertitudes. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.