Ca tourne à Paris !
Je vous ai laissé mais je vous avais bien dit que je reviendrais, comme d'habitude... J'ai eu un peu d'activité, quelques émotions mais pas de grand bouleversement définitif. J'ai accepté de travailler au pied levé sur le court-métrage d'un copain de fac en tant que régisseur général. Terme très pompeux pour désigner l'homme à tout faire (et surtout la sale besogne) ou grouillot de service. Ca n'a duré qu'une semaine et pourtant j'ai l'impression d'y être rester des mois. La légende qui dit qu'on prend plusieurs années dans la gueule à chaque tournage s'est encore vérifié. Désormais je comprends pourquoi on dit que c'est le poste ingrat par excellence sur un plateau : premier arrivé le matin, dernier parti le soir, responsable des véhicules, du matériel, de la bouffe, du bien être de l'équipe, des acteurs... autrement dit dédié au monde alors que personne ne se soucie de vous. Dur, dur à tenir et l'on se demande souvent ce qui nous a prit d'accepter. Des horaires de malade où il m'arrivait souvent de n'être présent chez moi que de minuit à 7h du matin. Fatigue et stress m'ont donc offert quelques insomnies la nuit et des états proches de la crise de nef le jour. Mais bon tout cela est normal... enfin il paraît. Tout ceci a été voulu consciemment. J'étais bénévole à 100% dans l'optique d'aider et d'emmagasiner un peu d'expérience d'un tournage aux moyens quasi-professionnel. Une bonne expérience que je ne regrette pas d'avoir eu dans le cadre de ma philosophie "yes-man" mais que je ne suis pas sur de vouloir réitérer... enfin pas à ce poste tout du moins. J'en ai en tout cas retiré plein de choses et confirmé d'autres : le cinéma est une vrai passion et je l'ai, j'ai encore beaucoup de boulot devant moi, seul la volonté et la persévérance feront la différence et surtout qu'avoir une voiture à Paris est une vraie galère (alors là pour le coup, c'était un camion, je vous raconte même pas...). J'ai fait pas mal de rencontre avec les différents corps de métier, côtoyé de vrai acteurs et observer la direction que leur prodiguait mon camarade de cours (je reste persuadé qu'à notre niveau et à moins de tomber sur des surdoués de l'acting encore inconnus, il n'y a pas grande différence entre acteurs amateurs et copains pris à l'arrache), d'ailleurs devant la crainte du désistement de dernière minute de l'acteur principal j'ai appris presque par hasard que ce serait à moi de le remplacer... ça aurait put être drôle. Mais avoir la responsabilité d'un film à 2000euros de budget ce qui est pas considérable à notre niveau m'aurait peut-être mis mal à l'aise. J'ai appris aussi que j'avais une très mauvaise gestion de mon stress me mettant la tête à l'envers pour pas grand chose. A travailler de ce coté là. Une semaine intense et fatigante que, après coup, je ne regrette pas d'avoir vécu. Sur un plateau de tournage on se sent toujours vivant à 300%, toujours un petit coup de blues dans les jours qui suivent. C'est incroyable comme depuis que j'ai mis de coté l'idée de vivre du 7ème art, j'y ai retrouvé un investissement qui m'avait manqué ces derniers temps : ce tournage, le regain d'intérêt pour mes articles de recherches, le début d'écriture d'un prochain court et peut-être la mise en boite d'un clip pour des amis musicos. Le cinéma et moi, c'est je t'aime moi non plus et de toute façon c'est tellement la merde partout en ce moment qu'autant se concentrer sur des choses intéressantes que de ramer dans le vide. Le bleu de chauffe est mis.
Source photo - Moi