Dreamland

Source photo : Moi - Les gens vont par deux (Trouville-sur-Mer)

          Mes nuits sont plus agréables que mes jours. Je voudrais rester dans cette dimension où le temps semble suspendu. Les sensations y sont plus fortes mais laissent un goût d'inachevé. Je crève de ne pouvoir intervertir réalité et songe. Elle me bouffe la tête. Comment peut-on être autant obsédé par quelqu'un qu'on ne voit pourtant jamais ? Elle était si profondément enterrée. Je ne pensais pas que cette résurgence la rendrait si présente. Ma tête, mon cœur, en sont subjugués. Une autre se présenterait disponible à moi, je ne suis pas certain que la verrais. Il faudrait pourtant que je passe à autre chose. Je suis obsédé par elle mais je suis également en manque d'affection, l'écrin de ma solitude. Mes rêves n'en sont que plus chauds, humides et sensuels. Cet érotisme décuple cette intensité nocturne et la frustration du petit matin qui en découle. Mon lit est vide et pourtant je dors toujours de mon coté. J'ai cette désagréable impression que tout le monde va par deux. Qu'y-a-t-il de plus écœurant qu'un couple sur le quai d'une gare ? Les trains de Grand Corps Malade ne mènent nul part. Je me fous de la destination, ce pourrait être un métro, un TGV, un train couchette ou même l'Orient Express ou le Transsiberien, je m'en fiche. Je veux juste quitter ce putain de wagon à l'arrêt qui me fait dire que j'ai pris le RER B, toujours en grève. Je ne cherche plus le bonheur ; il n'existe pas. Je veux qu'on me drogue, qu'on m'anesthésie, qu'on m'euthanasie le cerveau. Que je sois charmé au point de ne plus rien sentir d'autre. Car oui l'Amour est une drogue dure, la plus violente, addictive et dangereuse qui soit. Je suis en manque. Il me faut ma dose, ma bouteille. J'ai l'impression que l'on ne me tend que du vulgaire vin de table qui tache, abîme les artères et ne laisse qu'aigreur alors que je fantasme sur un Saint Emilion de grand millésime dont mon palais s'impatiente de savourer son goût doux et fruité. Agir ? J'ai tenté, enfin pas vraiment.... ça n'a pas  abouti mais cette porte n'est ni ouverte ni indestructible. Un seul coup d'épaule ne suffira pas à la faire céder. Il faut que je crochète sa serrure. J'en ai assez de ne regarder que par la fenêtre. Je réclame le Droit à l'amour réciproque. Garder cela pour moi est égoïste, lâche et malsain mais d'après Aristote il s'agit là de la preuve d'un sentiment pur. Pas certain que Freud en ferait la même analyse. C'est drôle, selon le vocabulaire qu'on utilise une phrase peut complètement changer de sens. Exemple : "L'Amour m'enivre" et "L'Amour me saoule..."

Comments

[Cassandre]

Arf, j'aurais pu écrire le même post, mot pour mot. Mais te plains pas, moi j'ai fêté mes 1 an sans sexe il y a 3 jours :) (pour l'année prochaine, les 2 ans donc, faut que je réfléchisse à l'endroit où je pourrais me coller les bougies tiens ! :D)