Soleil dans les yeux

    Comme vous pouvez le remarquer j'ai repris un rythme de croisière cinéphilique assez consistant. Avec les examens et les dossiers j'avais presque oublié le goût d'une salle obscure. Les changements récents de ma vie affective n'en sont pas étrangers. Que font deux étudiants en cinéma quand ils sortent ensemble? Ils vont au ciné bien évidemment. Ca fait du bien. Je redoutais un peu la suite des évènements à cette nuit de pure insouciance. Au début je n'étais pas très à l'aise ni bien en place dans mes baskets. J'ai décidé de laisser le temps agir sans se faire trop de soucies, jusqu'ici rien ne m'a donné tort. Je commence à m'y faire.
    Etrangement je culpabilisais au début. J'avais l'impression de tromper mon ancien amour. C'est idiot non? Pas tant que ça après tout c'est elle qui est partie, je n'avais pas eu le temps de compléter mon deuil même si je m'y étais préparé petit à petit. J'avais l'impression d'avoir juste trouvé un substitu de compensation. On change la voix, la tête... mais on pense toujours à la même personne. Quelle horreur de dire ça et pourtant c'est la vérité. J'avais peur de tomber dans un truc malsain. Le temps passe et les rôles s'échangent. Je pense de moins en moins au passé et intègre la nouvelle réalité qui, une fois ce voile levé, me plaît bien. La nouvelle question c'est : jusqu'à quel point?

    J'avais oublié la douce saveur d'un regard complice, le plaisir gratifiant des petits mots, des compliments... La sensation d'être unique et au dessus de la masse pour au moins une personne. Les carresses, les embrassades passionnées... Comment ne pas se sentir transporté? Que demander de plus? Peut-être tout simplement pouvoir rendre toutes ces choses. Ce n'est malheureusement pas le cas pour le moment. Je reste bloqué, peu entreprenant (ou trop selon le moment) bref je reste très maladroit et distant alors qu'avant tout était si facile, les mots sortaient naturellement et les gestes coulaient de source. Je ne suis pas fier de faire une telle comparaison mais c'est tristement vrai. Je me sens bien pour le moment, mais je ne pense pas avoir les mêmes sentiments que ma nouvelle compagne. J'ai peur. Peur de m'embarquer dans un truc qui me dépasse, peur de blesser, peur de mentir, peur de ne pas être moi-même, peur de profiter de la situation... C'est une personne que j'apprécie énormément et je ne veux surtout pas jouer avec elle. C'est une fille bien. Même si j'ai été clair dès le départ et qu'elle est au courant de tout ce qui a put se passer récemment, elle semble attendre beaucoup de moi, plus que je ne peux lui en offrir. Pire, je crois qu'elle serait prête à s'embarquer dans une relation à sens unique ce qui me renvoit à ma propre image, aux angoisses que j'ai pu avoir ainsi qu'aux sacrifices que cela demande. Je tente de tempérer plus ou moins ses ardeurs et de refreinner mes propres pulsions. Elle attend sûrement plus de romantisme, mais j'ai déjà donné à en perdre haleine. J'ai besoin de me reposer de ce coté là et je ne peux plus rien offrir pour le moment... L'amour romantique est mort dans ma tête.

    Que je suis pathétique quand j'y pense... La dernière fois que j'avais dis que ca ne tiendrait pas plus de deux semaines j'y étais encore 12 mois plus tard. Wait & see...

    Non, je n'ai rien promis mais ce qui m'effraie c'est de donner illusion involontairement. Je suis un homme, ni meilleur ni pire que les autres. Idéaliser, moi et mes intentions, serait dangereux. Je commence tout juste à apprécier cette relation naissante. Peut-être que mes sentiments évoluerons dans ce sens, ce ne serait pas la première fois après tout. Si ce n'est pas le cas j'éspère juste trouver le courage de dire aurevoir pour limiter les dégâts. Je me laisse jusqu'à mon retour d'Espagne à la mi-juin. Ces vacances seront un parfait révélateur pour mon coeur. Souhaitons juste qu'il saura enfin où il habite.