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Born to resist
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30 septembre 2012

My Black Swan

        A partir de quel moment décide-t-on de se réveiller ? Je n'arrive plus à me souvenir de la dernière fois où j'ai ressenti le goût rafraîchissant de la vie. En ce moment elle a plutôt un vieux goût de gnole qui brûle la gorge. J'ai le mal de vivre à force de jouer avec ma tête comme avec un Yo-Yo. L'ascenseur émotionnel ne me réussit pas. Je n'arrive plus à monter dans les étages. J'oscille entre le septième sous-sol et le rez-de-chaussée. Mes sommets me paraissent plus inaccessibles que celui de l'Everest. Mon télescope a perdu la fenêtre de la voisine, il est bloqué sur le lac de la solitude. Qu'elle est loin ma mer de la sérénité. Je suis devenu bien trop terre à terre pour retrouver mes pensées lunaires. Je n'arrive plus à m'enthousiasmer pour quoique  ce soit. Je ne mange, bois et respire que des éléments au goût de cendre. Je continue de m'assécher au point de ne pouvoir contenir les dernières gouttes d'eau de mon corps qui s'enfuient inopinément de mes yeux. J'ai appuyer sur le bouton jusqu'à l'épuisement et la résignation. L'ascenseur est bloqué. Je n'ai pas les jambes pour monter l'escalier. Il me faut un réparateur. Cela devient-il obligatoire lorsqu'on me dit que je devrais "voir quelqu'un" deux fois dans la même semaine ? C'est officiel : je suis en dépression. Je le savais, je le baragouinais, j'en "plaisantais"... "Dépressif chronique"... Depuis quand ? Cela fait tellement longtemps que je vois tout en noir et le verre à moitié vide que je ne me souviens plus du point de départ. Une thérapie ? Cela fait un moment que j'y pense, j'en ai autant envie que j'en ai peur. Je connais quelques personnes qui ont suivi ce chemin et disent en avoir trouver une renaissance. Je voudrais... mais comme pour tout il faudra me pousser.

Mes problèmes ? Cette tristesse permanente, cette fatigue lancinante, ce blocage avec la gent féminine, mes complexes physiques, de supériorité (et donc d'infériorité) qui commencent à impacter  ma vie professionnelle... Ce sentiment d'échec permanent qui me poursuit et me tétanise. Fuir plutôt qu'échouer et décevoir les miens. Le regard des autres m'étouffe, paradoxal lorsqu'on a l'impression de ne compter pour personne.

Des événements marquants ? La culpabilité de ne pas avoir dit une dernière fois au revoir à mon arrière-grand-mère avant qu'elle ne parte parce que j'avais préféré aller traîner. Un Ami qui se suicide à l'aube de sa majorité à cause de la fille que je lui avais présenté pendant que je réveillonnais. Se rendre compte que la personne pour qui j'étais prêt à donner ma vie m'a trompé et méprisé. La découverte des vices incestueux d'un grand-père au crépuscule de sa vie. Ma sœur enceinte qui voit sa vie s'écrouler dans un scénario improbable du jour au lendemain. Avoir évité la mort de justesse à plusieurs reprises : la noyade petit où j'ai failli emmener mon père avec moi, un toit de cheminée au-dessus de mon lit lors de la tempête de 1999, l'asphyxie au cours d'un incendie nocturne la veille d'un départ en voyage scolaire au lycée, la voiture qui m'a renversé il y a quelques mois en traversant à un passage piéton... Ce sentiment, se demander si je dois encore être là et pourquoi ? Se demander ce que je vais laisser de moi dans ce monde. On me dit de rabaisser mes ambitions sans pour autant les connaître. Elles ne me semblent que trop banales et pourtant inaccessibles : trouver une personne sincère qui me remettra un peu de couleur dans le cœur, avoir des enfants et leur donner une vie heureuse. Et oui, cela fait déjà quelques années que j'éprouve un désir de paternité mais pas n'importe comment et surtout pas trop tard. Je ne veux pas être grabataire lorsque mes enfants entreront à l'école. Les hommes aussi semblent avoir une horloge biologique. Je pense surtout y trouver un sens à une vie qui n'ena plus beaucoup. Et... et c'est à peu près tout. Non pas que je veuille engrosser la première venue, je me dis qu'avant d'avoir un enfant il me faudra du temps et de la confiance. Mon fantasme est donc d'avoir une vie "normale", paisible et je vois les aiguilles de l'horloge tourner. Je vois mes amis s'éparpiller, s'éloigner, se marier, enfanter... et moi en stand-by attendant qu'on vienne me sortir de mon sommeil cryogénique. Quelquefois certains me sortent de la naphtaline, rarement gratuitement, souvent pour tenir la chandelle histoire de me rappeler leur complicité face à ma solitude... Des fois que je l'oublie.

On me dit que je n'ai pas de raisons d'être malheureux. Je le sais et en être conscient m'attriste davantage. Je sais que je suis en bonne santé, que même si je ne roule pas sur l'or je possède une certaine sécurité financière et professionnelle, je sais que je ne suis ni con, ni moche et pourtant... ma vie me semble fade et sans intérêt. Je m'en veux d'être dans cet état lorsque je vois mon entourage pris dans les méandres du cancer, du RSA et du chômage. Mon degré de culpabilité est énorme et ne cesse de croître. Je ne sais pas profiter de ce que j'ai. Je me dis tout le temps que je devrais faire tellement mieux. On me répète depuis mes sept ans que je n'exploite pas mes qualités. Si on me le dit, c'est que ça doit être vrai. Je ne cherche pas à me faire plaindre. Je veux me débarrasser du bagage émotionnel sous lequel je plie l'échine. Ce poids m'étreint l'estomac, le cerveau et le corps au point de ne plus sentir mes couilles.

J'aimerais trouver cette confiance ou cette inconscience qui me manque pour me jeter à l'eau quel que soit le projet, sans avoir à me retourner l'esprit. Trouver de la spontanéité. Faire de nouveau confiance. Mon comportement est devenu instable, je regrette mon impassibilité d'une certaine période. Aujourd'hui c'est l'explosion, un grand bordel dans mes sentiments et ma façon de les exprimer. C'est Orange Mécanique dans ma tête. Je deviens de plus en plus irascible, un feu de glace de la bouche et les entrailles. Au point que cela me joue des tours dans ma vie de tous les jours. Je m'énerve sans aucune raison ou à la moindre contrariété. Cette vie est devenue un enfer. Ce n'est pas plus mal que cette colocation touche à sa fin. Mérités ou non, j'ai trop peur que mes sautes d'humeur nuisent à mes amitiés. J'ai trouvé un nouvel appartement, pas vraiment ce que je souhaitais mais ce qui peut se faire de mieux avec mes finances dans le coin. Encore une fois sans trop vraiment chercher, il faut bien l'avouer. Cette chance récurrente n'est pas faite pour m'apprendre à me sortir les doigts du cul. Adieu donc le F3 et bientôt retour dans un studio à deux pas de l'appartement actuel. Je compte désormais les jours en attendant le futur déménagement. Je ne supporte plus de faire chandelier et faire valoir à domicile. Encore un nouveau départ à venir, je ne les compte plus. Il faudrait penser à changer de circuit un de ces jours, j'en ai marre de tourner en rond.

On me dit de m'accrocher au positif. J'ai beau chercher, je n'en trouve pas beaucoup. Le cinéma est devenu pour moi une vieille chimère, une déception, un objectif inachevée de plus à mon très long palmarès. Je n'ai jamais su aller au bout de ce que j'entreprenais.

Niveau sentimental c'est une catastrophe et j'aime tendre le bâton pour me faire battre. 3 ans sans relations sérieuses... ou même pas sérieuses d'ailleurs. Oui, 3 ans... lorsque je vous dis que le temps passe vite. En fait, je n'ai pas tourner la page, je regarde le profil Facebook de mon ex en l'enviant, en souhaitant qu'elle revienne de Tahiti où elle est partie travailler, où elle est partie faire ce dont je rêvais sans oser le réaliser, en me disant qu'on n'était pas si mal et que je remettrais bien le couvert. En me rappelant l'instant d'après qu'on s'était justement séparé à cause de ça : le "pas si mal" cela ne suffit pas lorsqu'on arrive à l'étape de la construction. Depuis que s'est-il passé ? J'ai retrouver mon amour de jeunesse que j'ai ensuite relaissé filer une fois de plus. Je me suis fait serrer dans une cage d'escalier par une lesbienne trentenaire à l'allure de camionneur plus ivre que moi pour m'arracher quelques pelles. Deux amies sublimes qui me courraient après depuis des années sont désormais fiancées (pas avec moi évidemment). Je me suis fais souffler une bombe nymphomane sous le nez par un polonais, petit, gros et bourré 24/24 en hôtel-club l'an dernier alors qu'elle semblait toute disposée à m'accueillir. Je suis plus ou moins tomber accroc d'une collègue qui ne peut apparemment pas me blairer et j'ai commencer un flirt impossible avec une amie de l'ex d'un de mes potes qui a tenté de me foutre tout le monde à dos en prétendant qu'on avait coucher ensemble (l'ex, pas le flirt hein...) pour ne rien arranger elle habite à l'autre bout de l'Ile-de-France et est infirmière à croire qu'il n'y a plus que ça sur Terre (pour rappel ma dernière ex l'était et niveau organisation vie personnelle c'est pas facile). A croire que je fais tout pour que rien n'arrive. J'ai appris à ne plus croire. Ni en moi, ni en les autres.

Il y a quelques jours j'ai eu un très très très mauvais passage à vide. Au point de penser en conduisant, "hé tiens, et si je mettais un coup de volant vers ce platane?" ou en allant prendre le train : "un pas de plus et alors..?". Des larmes qui coulent d'un coup sans prévenir, sans raison. C'est dans cette période pendant laquelle mes cernes ressemblaient à des couilles de mammouths sous mes yeux que l'on a commencé à me parler de psy dans ma famille. Enfin on s'apercevait de quelques choses. Jamais on n'a été autant attentionné envers moi. Le danger était donc bien palpable. Dommage que les pompiers n'arrivent qu'à la fin de l'incendie. Tout cela arrive dans un moment d'extrême fatigue et de stress après un été difficile au travail.  Je profite d'un peu d'accalmie pour écrire un peu et me vider la tête. Je plonge dans le coté obscur. Je suis comme Luke observant sa main bionique et réalisant qu'il prend le même chemin que son père.

Le seul rayon de soleil qui me maintient du bon coté de la Force est ma nièce avec sa malice, son sourire, son rire. La joie simple à passer du temps avec elle, à faire des bulles de savon pendant des heures assis sur une marche. Ses exclamations lorsqu'elle me voit en s'écriant "Tonton Duck" !!! Simplicité et authenticité, c'est tout ce que je demande. Elle n'a que 2 ans et une vie déjà pas forcément facile. Je ne suis pas pressé qu'elle en prenne conscience. Elle aura bien assez de temps pour se demander pourquoi son père s'est barrer au bout de trois mois de grossesse pour se remarier un an après et lui faire une petite sœur dans le dos de tout le monde. Pour le moment elle n'est qu'innocence. Je lui ai promis au-dessus de son berceau de la protéger et d'être toujours là pour elle. Il y a eu des jours où je me disais que je n'étais encore là que pour elle. Malheureusement je ne la vois pas assez à mon goût. En attendant demain c'est retour au turbin, les mots ne viennent plus. Le canard ne résiste plus beaucoup ces derniers temps. A plus tard.

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Commentaires
T
Bien vu l'aveugle!
D
Tu as effacé ton dernier article, trop tard je l'ai lu ! ^^
Z
Malgré la gravité du propos, je trouve ton texte très beau, douloureux et bien écrit. Comme dit Dawn Girl, tout ça se soigne et à mon avis, tu as fait déjà une partie du travail en écrivant cet article. Tu sais ce qui cloche mais tu ne sais pas comment l'améliorer et je pense qu'une thérapie peut vraiment aider, aider à se connaître et à s'accepter. Tu parles des attentes des gens mais finalement quelles sont tes attentes à toi ? car c'est bien beau de vouloir plaire aux autres, il faut avant tout faire ce que tu aimes.<br /> <br /> Le chemin est long avant de trouver sa voie et une stabilité, et je vais pas te mentir, ça se peut se casser la gueule du jour au lendemain, mais il faut profiter tant que ça dure. <br /> <br /> Je pense également à faire une thérapie, je ne peux que t'encourager dans ce choix. Ca ne pourra que t'aider, tu as besoin d'un soutien et d'un soutien objectif.
D
TAIN j'avais écrit un roman pour commenter et tout a disparu !!! Fuck canalbug !<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, je recommence : <br /> <br /> <br /> <br /> Tu vas dire que je suis au taquet (^^), mais il a fallu que tu postes le week-end, alors que je suis chez ma mère et que j'ai donc accès à internet. Bon je sais on s'en bat la moule mais je tenais à le dire ! ^^<br /> <br /> <br /> <br /> En effet la dépression semble s'être abattue sur tes épaules. Ce n'est ni honteux, ni irrémédiable, mais tu n'en sortiras pas seul. Et en effet, dans un tel cas une thérapie serait une bonne idée. Même si nous on est là aussi pour te conseiller derrière nos écrans, ce n'est peut-être pas suffisant car tu ne dis forcément pas tout sur ton blog (normal).<br /> <br /> <br /> <br /> Un truc que je te conseille de faire (je le faisais il y a quelques mois, quand j'allais très mal à cause de mon avortement et que j'avais des idées noires quand la nuit tombait) : quand tu te couches et que tu sens que tu commences à broyer du noir, essaie de penser à quelque chose de positif qui s'est passé dans ta journée. N'importe quoi, même une connerie, genre un chant d'oiseau agréable que tu as entendu ou quelqu'un qui a été sympa avec toi. Ca peut paraître bête, mais perso ça m'a aidée.<br /> <br /> <br /> <br /> Concernant les amours tu te doutes bien que je suis trèèèèès mal placée pour te conseiller, mais je te conseille néanmoins de méditer cette maxime made in Facebook dont j'ai fait mon cheval de bataille : <br /> <br /> <br /> <br /> "Ressortir avec son ex, c'est comme ravaler son vomi".<br /> <br /> <br /> <br /> Voilà.<br /> <br /> <br /> <br /> ^^
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