Faire la planche ou se noyer

                         Je m’éteints. Je perd ma flamme petit à petit. Je deviens comme tous ces zombies qui empruntent ces wagons à bestiaux ciglés RATP à l’aube. J’ai un vide émotionnel. J’en ai assez d’être seul tout en sachant que j’ai les moyens de ne pas l’être ou en tout cas de m’amuser un peu. Une belle coquille vide car étrangement je ne me suis jamais senti aussi beau. J’ai la forme et mon érotomanie chronique me fait croire que pas mal de demoiselles s’arrêtent sur moi. J’avais du mal à me situer dans le regard des autres. J’ai demandé à des amis gay ce qu’ils pensaient de moi, conclusion je suis attirant mais trop viril pour vraiment intéresser un homo. Ça m’a fait rire et rassuré dans tous les sens du terme. Trop viril pour les homo, pas assez pour les hétéros. Ce monde est bizarre et je le complique beaucoup. C’est beau d’être narcissique surtout quand ça n’a pas toujours été le cas. Est-ce que je me revalorise en aillant mis des « choses » de coté ? Disons plutôt que cette mini baffe m’a fait tomber mes œillères. Mon champ de vision s’est élargi. Il y a beaucoup d’autres poissons dans l’océan  et un filet rapiécé entre les main. C’est malheureusement le temps pour aller pêcher qui me manque. Au-delà d’une relation sexuelle, ce qui me fait défaut c’est surtout le partage. Et la tendresse bordel ??? Ma vie social se réduit comme peau de chagrin. Je m’intègre petit à petit dans ma nouvelle équipe mais ce ne sera jamais comme avant. La différence d’âge est trop grande, surtout lorsque je suis voué à les diriger bientôt. Je ne vois donc plus grand monde en semaine et les week-end ont un goût bizarre. Ils flirtent entre nostalgie et vague l’âme… en d’autres mots je me fais un peu chier. Les affinités se perdent. Certains camarades se dévoilent et deviennent insupportables. Seuls nos liens d’enfances nous unissent encore quand tout le reste nous oppose. Nous arrivons à un âge où nous traçons tous notre propre chemin.  J’aurais souhaité une vie à la Friends pour toujours, elle n’en était pas si éloignée il y a peu. On se voit moins. Le travail accapare et fatigue ceux qui en ont un, le couple pour ceux qui ont la chance d’en avoir un aussi. Je ne suis pas exempt de tout reproche. J’ai ma part d’isolement. Nos routes sont tracés, certaines se séparent d’autres restes liées. J’ai tenté de tout faire pour fuir un destin médiocre et plus j’ai tenté de le fuir plus il s’est emparé de moi. Je suis devenu tout ce que je ne voulais pas : un cadre en costume avec téléphone à la ceinture et ordinateur portable en bandoulière. Comment ai-je fais pour en arriver là ? et si vite ? On ne peut pourtant pas dire que j’ai mis beaucoup de volonté à le devenir.   Il y a deux facettes, d’un coté je n’ai plus à me soucier de mon avenir professionnel et financier. Je sert à quelque chose, j’ai une fonction et une pseudo raison d’exister lorsque je me lève le matin ce qui n’est pas rien. D’un autre coté tout ceci me semble vain dans le contexte sentimental qu’est le mien aujourd’hui. Je me construit une sécurité, un futur comme on disait du temps de nos parents, mais pourquoi ? pour qui ? Du pognon c’est cool et tellement de gens en manque en ce moment que je ne vais pas me plaindre d’en gagner mais qu’en faire de vraiment utile ? Je ne suis pas consumériste, j’ai tout ce qu’il me faut matériellement. Le manque est et restera spirituel et sentimental. J’avance de façon saccadée et je suis resté sur la lancée de ma dernière relation. Je me perds même dans ce texte qui part dans tous les sens. Résumons : je suis jeune, je gagne ma vie, je suis pas dégueulasse, je suis seul et j’en ai assez de l’être. Je suis moins déboussolé qu’il y a quelques temps, j’ai quelques absences, des turbulences. Je navigue à vue, à titre exclusivement personnel je pense qu’il ne peut m’arriver que de bonnes choses. L’éternelle question reste : quand ?