Décalage horaire
Je n'ai plus de filet, plus d'espoir auquel me raccrocher, plus de folie. Je me retrouve en roue libre. Je ne comprends rien. Les événements de jeudi dernier* ont peut-être déclenché quelque chose en moi : de l'adrénaline, de l'excitation mais aussi un rappel à l'ordre. La mort peut vous faucher n'importe où, n'importe quand et dans les situations les plus inattendues. Du moins, voilà l'interprétation de psychologie de comptoir qu'on m'a donné. Je ne suis pas convaincu. J'ai juste eu envie de le faire. Du coup avec ce week-end de trois jours ensoleillés je me suis jeté à l'eau. C'était maintenant ou jamais. Il a été décidé que ce ne serait jamais. Je ne comprends pas et j'ai décidé de ne pas chercher à comprendre. Je l'ai invité à sortir dès le vendredi soir. Elle m'avait parut réceptive puis est tombé le blackout. Je l'ai relancé le samedi après-midi et elle avait l'air bien décidé à ce moment là. Elle ne pouvait pas le jour même mais m'a promit de me tenir au courant pour dimanche ou lundi. J'étais aux anges. Dans ces moments là on s'attache aux détails. Pour la première fois elle concluait un de ses messages par "Gros bisous". C'est con, je sais, mais j'y voyais quelque chose, le sourire béa et imbécile que j'ai eu à cette lecture ne le dément pas. Ce que j'aurais dut y voir c'était la conclusion de cette discussion. J'ai attendu avec quelques verres de bon rhum et de bons amis au clair de lune mais jamais aucune nouvelle n'est revenue. J'ai trouvé le courage de l'appeler, je me suis dit que c'était peut-être ce qu'elle attendait de moi. Je n'ai obtenu que sa boite vocale. Le résultat a été la plus grosse mine que je me suis mis depuis des années. La dernière lueur d'innocence qui brûlait en moi s'est éteinte au moment de raccrocher mon portable. Une illusion décennale vient de s'achever. Le pire ou le meilleur est que ça ne m'a pas fait autant mal que je l'envisageais. Je trouve ça dommage. Néanmoins je me sent libéré. Plus de regrets, plus personne à idolâtrer aveuglement aussi bien consciemment qu'inconsciemment. La femme de ma vie à perdue son visage. Elle a longtemps eut le même. Elle peut désormais en avoir trois milliards. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête. Il faut dire que je ne sais pas vraiment non plus ce qu'il y a dans la mienne. Peut-être ne le saurais-je jamais. Je n'envisage pas de la recontacter pour le moment. Les choses étaient simples et l'énoncé assez clair. Je le prend comme un lapin. Ce n'est malheureusement pas assez explicite pour le prendre comme un râteau. Cet épisode a quelque chose de salutaire. Un acte manqué fondateur. Je me suis trouvé séduisant en me regardant dans la glace ce matin. Elle est tombée du piédestal sur lequel je l'avais élevé malgré moi. J'ai remonté quelques marches. Curieux sentiment de se sentir plus fort après ce qu'on peut considérer comme un échec. Je n'ai plus rien à perdre. J'ai laissé de coté l'idéal pour entrer dans le réel et toutes les possibilités qu'il peut offrir. L'apocalypse n'est pas arrivé, pas de Jugement dernier. Je me suis libéré d'une religion imbécile, celle qu'on appelle l'amour. Non, j'exagère on ne balaie pas un sentiment comme ça. L'approche change. Celle ci est fondamentale. Je me sent prêt a explorer toutes les pistes, à surprendre. Je viens de m'affranchir de mon Destin, ce que mon esprit rationnel rejette depuis aussi longtemps que mon sentimentalisme en était persuadé.
Évidemment il suffit que j'écrive ça pour recevoir un message s'excusant plus ou moins de ce ratage et m'invitant dans trois semaines à un barbecue chez elles avec les mêmes anciens camarades de la crêpe party. Évidemment j'ai accepté mais je n'ai pas changé. Je ne le prend pas comme un affrontement. J'ai l'impression d'avoir pris le dessus. J'ai pris l'initiative. Je ne me suis pas mis à genoux. J'ai gardé ma dignité et mon amour propre en ne la relançant pas inlassablement comme un chien affamé à la recherche d'un os à rongé. Je sais, pour en avoir parlé avec elle, qu'elle aime tester les hommes, se faire à la fois désirer et en même temps ne pas subir de la guimauve plus collante qu'un chewing-gum... bref la perversité féminine à l'état pur que nos pauvres cerveaux masculins ne comprendront jamais. Et puis j'essaie en permanence de me rappeler que si nous trouvons les femmes bien compliquées, nous ne le sommes pas moins sinon pire. Un point partout, le match continue. Je suis un habitué des marathons, je ne m'inquiète pas. On joue au chat et à la souris, c'est le jeu de la séduction qui veut ça. Je sais désormais que ne pas attraper celle ci ne sera pas destructeur. Je commence cette nouvelle manche avec un petit avantage psychologique. Je n'ai plus peur. Je peux plaire. Elle peut se planter. Nous sommes tous les deux humains.
*J'ai été témoin jeudi dernier d'un évènement qui a fait la Une de l'information, j'en parlerais surement dans un post rétroactif. Je vous tiendrais informé de sa publication.