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Born to resist
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27 avril 2008

Digressions sous le soleil (exactement)

    Je viens d'apprendre quelque chose de par la quantité et les appréciations de vos commentaires sur les articles précédents. Il est évident que je suis plus inspiré lorsque je couche mes sentiments noir sur blanc en plein air. Ce petit esprit d'été venu me hanter est né sur une pelouse du parc Montsouris à coté de la cité universitaire, sous un grand soleil de début d'après-midi. Flânerie solitaire entre étudiantes en révisions (ouai, parce que les gars préfèrent jouer au football), asiatiques en mode taï-chi, petits vieux en promenade et hordes de centres aérés en activité. Autant d'éléments déclencheurs proustiens. Je pensais le remanier pour lui donner une structure et puis je l'ai laissé tel quel, comme il est venu : simple. Joli? Peut-être, je ne sais pas. Je n'ai  pas de recul. C'est juste mon expression mais ça me fait plaisir que ça vous plaise. Nostalgique? Surement, car la plupart de ces souvenirs me paraissent irrémédiablement révolus. Petiteconne a bien cerné le propos étant donné que mes étés de maintenant sont très proches des siens et je ne parle même pas de celui de l'an dernier. Il n'a fait que pleuvoir. L'été s'était pointé en avril et j'étais en pleine bourre à ce moment là. Je ne l'ai pas vu. Je suis un drogué en manque.
    Ce week-end avait pourtant un petit gout de soleil. Atos et Portos sont venus me rendre visite dans mon antre, à l'improviste. Besoin de se sortir ou sentaient-ils que je parts en vrille? Quoi qu'il en soit ça m'a été salutaire. Soirée entre mecs, soirée de conneries, de défoulement. Test du bowling de Nogent. Frappé d'entrée. Je suis déjà venu... Il y a 15 ans. J'ai joué comme une merde et Atos comme un dieu. Une humiliation douce et joyeuse. Je mentirais si je disais que je suis un bon perdant mais pas si je disais que je n'ai pas l'esprit d'un compétiteur dans le sang. Je n'ai de colère qu'envers moi. On a ensuite passé le reste de la soirée, que dis-je, de la nuit chez moi. On aurait pu aller en boite. La console a chauffé à blanc jusqu'à 4h30 du matin. Il fait encore bon dehors et meilleur en mon fort intérieur. Après négociation, je consent à rentrer avec eux. Mais hors de question de débarquer sans prévenir chez mes parents à 5h du mat'. Je vais donc passer la nuit chez Atos qui était seul chez lui (à part son chien qui pisse partout). On a bien papoté et déblatéré nos âneries pendant au moins une heure avant de s'endormir. Pires que des collégiennes. "Profite bien de ton célibat..." ; "Profite bien de tes problèmes de couple." La nuit a été courte mais bonne. Moi qui n'aime pas trop dormir chez les gens, ça m'a plutôt reposé. On a marché un peu au ralenti le reste de la matinée. Petit dej' à midi, retour de Portos pour nous aider à sortir et installer le mobilier de jardin et le barbecue pour le soir, une petite partie de basket, quelques courses et un dragage lourdingue de caissière entre une chipolata et deux merguez. Déjeuner à 16h avec au menu galettes au sarrasin composées de tous les vieux bouts de fromages du frigo (Atos apprend la cuisine, épisode 3), un petit retour par chez mes parents qui n'étaient pas là, juste le temps de poser des affaires et de rayer la voiture en la sortant du garage. Retour chez Atos pour ce premier barbecue de l'année en compagnie de quelques autres habitués. Soirée sympathique jusqu'à... jusqu'à mon craquage psychologique.

    A un moment, sans crier gare, mon esprit a flanché et s'est barré avec ma vitalité et mon sourire. Une vraie carpette. Je ne sais toujours pas pourquoi. Soudain j'ai eu envie de boire, de me saouler la gueule à m'en rendre malade et oublier qui je suis. Dans une conversation précédente, Portos avait dit entre deux anecdotes dont il a le secret : "le vrai danger c'est de boire pour oublier qu'on boit. Ca s'appelle de l'alcoolisme." J'en suis encore loin. Je ne me souvient plus à quand remonte ma dernière cuite mais ça fait un bail. De toute façon je n'ai pas avalé une seule goutte, ni ce soir là ni le lendemain. C'était oublier que chez Atos on ne boit jamais d'alcool. Ces sportifs... et puis je prenais la voiture ensuite en raccompagnant Portos au passage. Hors de question de jouer au con dans ces conditions. A la place on a essayé de me soigner à la glace vanille noix de pécan pour un résultat éphémère, ou alors il fallait me laisser le pot pour moi seul.

    Cette nuit là, comme bien trop souvent en ce moment, j'ai très mal dormi. Pas d'insomnies ce coup ci. Je commence à les regretter, au moins elles étaient productives. Non, à la place j'ai des cauchemars glauques qui me refilent le cafard dès mon réveil. Fuck!

    Je suis proche de la rupture mentale. J'ai encore le sourire les lèvres et une apparente bonne mine pourtant à l'intérieur c'est en mille morceaux, éparpillé. Je connais trop bien ce moment. Le Big-Bang approche et l'extérieur ne va bientôt plus tarder à ressembler à l'intérieur. Je refuse pourtant le laissé aller même si je fais tout de travers en ce moment, comme semble me le rappeler le regard de mon père. Première action de la journée : revenir sur la bagnole égratignée. Je me fais engueuler, je m'excuse, je m'écrase (j'ai des circonstances atténuantes!) mais après 5 ans de permis de conduire et 7 de conduite, c'est dur de ne pas se trouver con. Ce n'est pas si grave. Comme tout le reste en ce moment je m'en fais une montagne. VDM ! (expression galvaudé très en vogue) Deuxième action : le soin capillaire. Je suis resté un bon quart d'heure devant ma glace, la tondeuse à la main. Je le fais? Je ne le fais pas? C'est un peu à contre-coeur que je me suis lancé. Je me sent profondément centriste en ce moment, l'art de l'indécision. Plus de huit centimètres sur la tête, en pagaille. J'ai l'air du lycéen attardé que j'étais. Un sabot de 6 millimètres plus tard et je prend dix ans dans la gueule. Je ne sais pas ce qui est le mieux. C'est plus net, plus propre. J'ai besoin de me sentir net et propre en ce moment... Pourtant je déteste tout ce qui est lisse.

    Le reste de la journée, pour le moment, se résume à bronzer dans le jardin, à y écrire ces quelques lignes et finir Windows on the world de Beigbeder. La fin, on s'en doute dès le début. Carthew se jette dans le vide en serrant ce qu'il aime le plus au monde dans ses bras tout en regrettant la futilité de sa vie. J'aime Beigbeder. Non pas pour son style trash, égocentrique et faussement provocateur mais pour tout le cynisme qui habite ses mots. Personne n'aime le personnage public, l'écrivain people bobo pédant révolutionnaire bourgeois de la jet set mais peu de gens lisent ses livres ou n'osent l'avouer. Et dans ceux qui le reconnaissent, là encore, peu l'apprécient. Il est de bon ton de le saquer, je ne sais pas. Il représente tout ce que j'aime et déteste à la fois, c'est un concentré de paradoxes.

    Mes gouts littéraires comme musicaux sont éclectiques. Je le reconnais qu'il m'arrive d'aimer de la "merde". La simplicité détend, c'est pour ça qu'elle fait recette sur la masse. Ses personnages sont à mon image : narcissiques, dépressifs, désabusés, ironiques et révoltés contre une machine dont ils sont pourtant un des rouages conscients et compatissants. La bibliothèque de mes parents, celle de ma prime jeunesse, est remplie des oeuvres de Boris Vian, Rimbaud ou Sartre. A mes enfants, si jamais j'en ai un jour, je ne pourrais laisser que du Stephen King, Amélie Nothomb, Samuel Benchetrit ou Frédéric Beigbeder. Un prof de français un peu vieille école ou un critique littéraire diraient que je participe ainsi à la décadence de l'Occident. Désolé de ne pas être au niveau. Je vis avec les auteurs de mon époque. Une époque de pauvreté intellectuelle et de ressentiments. Je l'assume et je vous emmerde.

    Le vent se lève et sa fraicheur me rend compte de l'état de ma peau. Je suis en train de cramer. Rien à foutre. Je préfère être rouge que transparent. Allé, j'attends les cerises, une échelle et une jeune fille en robe légère au milieu des roses et des orties. C'est grave, je commence à délirer tout seul sur le dernier Cabrel. Je viens de me procurer le dernier album de Saez mais je n'ai pas le coeur à l'écouter. Demain, peut-être. Ou est passé ce tube de crème solaire?

SittingDuck1

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Commentaires
C
Extériorise, parles-en à quelqu'un (un ami, un mail, un télégramme, n'importe) sinon tu vas péter un plomb. Il y a longtemps j'avais craqué pendant une soirée, mais vraiment les gros sanglots de la mort, alors que je rigolais 30 secondes avant. Même moi, ça m'avait fait peur. Quelqu'un était venu me voir et m'avait dit d'écrire sur une feuille tout ce qui n'allait pas et de la brûler après. Effet placebo ou pas, toujours est-il que ça a marché. C'était il y a des années, celle que j'étais à l'époque n'a rien à voir avec celle que je suis aujourd'hui, mais je pense que ça a été une petite pierre à l'édifice de ma reconstruction. A l'époque je n'avais pas de blog tu me diras, alors peut-être que déjà, en avoir parlé ici et lire les réponses des lecteurs va t'être bénéfique. Sinon très bonne décision pour la tondeuse :D
A
tout pareil qu'Aïollywood...
A
Amertune, coup de blues... Je dirais pas que c'est un "flanchage" soudain mais un ras le bol clairement généralisé qui s'est bien fait voir depuis quelques semaines. Pas de doutes à mon avis là dessus. Rien de bon en ce moment, pas forcément un moral au beau fixe et c'est tout qui s'en suit. Mais bon après c'est sur que je parle tout seul, je suis pas dans ta tête pour autant m'avancer.<br /> Tu as quand même retrouver le goût d'écrire et de te mettre "à nu", y a déjà du mieux.
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