A vos souhaits

Le Chat de Philippe Geluck

            Il est 2h22. Je ne sais plus qui m'a mis un jour dans la tête que lorsque tous les chiffres d'un cadrant sont semblables il faut faire un vœux. Bien que je ne sois pas particulièrement superstitieux, j'ai pris cette habitude. Qu'il soit 11h11 ou 5h55, je fais toujours le même vœux. Un seul et unique souhait, simple comme une piqure de rappel et d'optimisme. Étant donné la situation peu reluisante de cette fin d'année, je peux bien vous le confier. Je sais qu'un vœux dévoilé est voué à ne jamais se réaliser. Je crois de moins en moins à l'accomplissement de celui ci de toute façon. Il est des plus simples. Ce n'est d'ailleurs pas un voeux à proprement parler, plutôt une devise : "Etre heureux dans la Vie." Voilà, ça c'est dit. Un truc stupide mais que personne ne sait à par toi qui vient de lire ces lignes. Une part non négligeable de mon intimité. Je n'ai plus de copine, j'ai plus ou moins tourné le dos à ma passion et donc à moi-même, et mon boulot veut ma peau. Difficile d'y trouver un bonheur même simple. Les simples d'esprits sont bénis, c'est définitif. Je dois me réjouir d'être maudit. J'ai l'impression de ne pas pouvoir trouver le bonheur dans ce monde qui semble avoir plongé corps et âme dans un cynisme abjecte. Et moi je suis ici avec mon ironie féroce. Je suis à deux doigts de rejoindre le coté obscur, celui sans valeur ni morale. Cynisme et ironie sont très semblable, leur différence ne tient qu'à un fil mais celui ci fait toute la différence. Écrire est de l'ordre de l'intime. Il faut laisser sa pudeur au placard lorsqu'on prend la plume. Bloguer est de l'ordre de l'exhibitionnisme mais dans une certaine finesse, du moins de la manière dont je le conçois. Rien à voir avec la télé-réalité. Je ne suis pas là pour être connu, encore moins reconnu et étrangement même pas pour être lu. Je suis là pour extérioriser, dire des choses que je ne me permettrais pas dans la vie. Des mots que je ne peux plus laisser dans des tiroirs. Ceux là c'est comme s'ils étaient toujours dans ma tête. Bloguer n'est pas plus indécent que de publier un livre, nous sommes juste plus nombreux à pouvoir le faire. J'y vois un journal mais aussi un testament. Qu'ai-je à laisser derrière moi pour le moment ? Ces lignes ainsi qu'une quantité astronomique de cahiers et de feuillets griffonnés, annotés, raturés... Une part de moi, quelque chose que je n'arrive pas à saisir, une recherche interminable. Je cours mais je ne sais toujours pas après quoi. Si j'ai du mal à avoir les idées claires, comment puis-je  m'établir des objectifs palpables ?